Ils auraient pu se contenter de profiter d'une dolce vita bien méritée après des carrières plutôt bien remplies. Mais, le guitariste Sandro Marangoni, le chanteur Fabio Bressanello et le bassiste GP Cremonini ont choisi de créer le groupe Rockei et d'enregistrer leur premier album "Una Vita Fantastica". Un titre qui sonne comme un voeu pieux puisque, entouré de guests tels que Sanseverino, David Donatien, Minino Garay ou encore François et Sylvain Rabbath, le trio propose un rock à la fois humaniste et politique pour évoquer les migrants ("Mondo Perduto"), le trafic de drogues qui sévit dans le nord de l'Italie ("La Giostra"), l'exploitation des femmes ("Upomoc")... mais aussi l'espoir d'une vie meilleure dans le morceau qui donne son titre à l'opus.
Rencontre avec GP Cremonini avant la release party prévue au Supersonic à Paris, le 20 novembre prochain.
-Le nom de François Rabbath figurant sur cet album est bien connu des amoureux de la contrebasse et du répertoire français ?
Il a accompagné des artistes comme Aznavour, Piaf, Brel, Barbara... J'ai eu la chance de le rencontrer lorsque je suis arrivé à Paris et je suis devenu son élève, son assistant puis le directeur artistique de plusieurs de ses projets. Il a notamment créé une méthode d'apprentissage de la contrebasse qui est une vraie référence dans le monde de la musique.
-Rien à voir avec le souvenir que vous gardez de votre passage au Conservatoire de Venise ?
J'y suis entré et j'en suis ressorti tout aussi vite ! Je trouve que le conservatoire a enlevé tout sens ludique à l'enseignement.
-Comment est né le trio Rockei ?
Fabio avait créé un groupe punk avec Sandro, par le passé. Moi, après avoir joué sur des bateaux de croisière, dans des pianos-bars, aux côtés de Sanseverino, Nilda Fernandez... j'avais un peu raccroché et décidé d'ouvrir à Venise un restaurant dont on disait qu'il était l'un des meilleurs d'Italie. Après l'acqua alta de 2019 ((forte inondation causée par les marées) et le Covid, j'ai tout perdu. C'est alors que Fabio m'a envoyé une chanson en me demandant ce que j'en pensais. Avec Sandro, ils voulaient remonter un groupe et ils cherchaient un bassiste. Plus tard, j'ai rencontré Sylvain Rabbath, le fils de François et il a proposé de s'investir dans l'aventure. Mes complices ont sauté au plafond !
-Votre rock est franchement militant, non ?
Plus que militant, c'est politique ! On ne veut pas de limite car on doit être conscient que chacun de nos actes a une répercussion. C'est une question de bon sens. Il faut être attentif à ce qui se passe autour de soi. Je pense notamment aux migrants à qui on a fait appel pendant si longtemps et qu'on rejette aujourd'hui.
-Pouvez-vous nous parler de la chanson "Una Vita Fantastica" qui est plutôt optimiste ?
Parce que la vie est là et elle peut être fantastique. On dit toujours que ça ne vaut pas le coup de vouloir changer les choses parce que c'est comme une goutte d'eau dans l'océan. Mais deux gouttes, c'est quand même 100 % de plus !
-Vous pensez évidemment à Venise ?
il faudrait mettre en place une vraie politique de gestion de l'eau. Nous sommes au milieu d'un lagon et c'est un équilibre délicat. La ville a besoin d'une maintenance au quotidien mais ce n'est pas la priorité de nos responsables. Pendant plus de 1000 ans, on a su gérer le problème. Cela peut sembler paradoxal de dire ça car c'était une période très douloureuse mais, pendant le Covid, les poissons sont revenus dans les canaux.
-Il y a aussi la gestion de l'afflux de touristes ?
Un ami m'a dit un jour: "Venise n'est pas une ville, c'est une personne". Et une personne, on doit la respecter. Dans la Cité des Doges, on marche sur plusieurs siècles d'histoire. Et on ne jette pas des kleenex sur plusieurs siècles d'histoire !
-Vinyle "Una Vita Fantastica" (KURONEKO Distribution), disponible depuis le 13 octobre 2024
-En concert, le 20 novembre 2024, à 20h30, au Supersonic, 9, rue Biscornet, 75012 Paris. www.supersonic-club.fr
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