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Photo du rédacteurGRANDJANIN Annie

Marion Rampal: "le jazz est une école de liberté"



(c) Alice Lemarin

Lauréate des Victoires du Jazz 2022 dans la catégorie "Artiste vocal", il y a bien longtemps que Marion Rampal butine aussi du côté du folk et de la pop. A l'occasion, sa plume "triche au coin des mots" pour nous enchanter avec la "langue des coeurs coulés", à l'image de "Tissé" son précédent album, sorti il y a deux ans.

Cette fois, avec le magnifique et poétique "Oizel", concocté avec son complice Matthis Pascaud (réalisation, guitares, mandoline, clavier, marimba...), elle nous emmène dans le sillage de la "Grande ourse", des fauvettes, des cormorans, des oies sauvages... tout en nous offrant deux beaux duos avec Laura Cahen ('Canards") et Bertrand Belin ("De beaux dimanches").

On ne lui fera pas l'injure de prétendre qu'elle prend son envol car Marion Rampal occupe une place essentielle dans le paysage musical.

Rencontre avec une artiste aussi singulière que talentueuse, avant son concert parisien le 1er avril prochain au Café de la Danse.


-Vous semblez prendre beaucoup de plaisir à inventer des mots ?

Ici, j'ai même eu envie d'explorer davantage "la langue des coeurs coulés" dont je parlais dans mon précédent album. J'ai l'impression que chaque chanson a goûté sa langue ! J'ai aussi une vraie passion pour le français ancien. Je trouve ça très rafraîchissant ! En ce moment, j'écoute beaucoup Robert Charlebois et Félix Leclerc. J'adore la scène canadienne. Il y a un vrai rapport avec la musique traditionnelle, folklorique. Avec ma fille, j'écoute aussi Brassens. J'ai toujours aimé son travail sur des formes archaïques comme la complainte ou le quatrain. Pour ce nouvel album, je me suis imposé d'écrire sur les oiseaux.

-Pourquoi ?

Parce qu'ils symbolisent la liberté. On pense aussi à la migration. Cette formidable capacité à revenir au bercail. En fait, l'idée était de parler de la société, avec un oiseau comme témoin.

-Qui est Madeleine que vous évoquez dans le titre "D'où l'on vient l'hiver" ?

Il s'agit de ma grand-mère. Elle n'a jamais pu fréquenter les Beaux-Arts mais elle faisait de l'aquarelle, de la peinture à l'huile. C'était quelqu'un de très fantasque et créatif. J'étais fascinée par la manière dont elle s'extasiait de tout. On parle souvent de la langue maternelle mais on pourrait aussi bien évoquer la langue grand-maternelle.



(c) Alice Lemarin

-Vous avez récemment été récompensée aux Victoires du Jazz. Pourtant, votre répertoire est bien plus éclectique, non ?

C'est vrai. Je suis très fière car je considère que le jazz est une école de liberté.

-Dans l'argumentaire qui accompagne l'album, on évoque un travail entre mémoire et invention ?

Cela fait partie de ma démarche et de mes influences. Pour les textes, j'ai travaillé comme s'il s'agissait d'un recueil de poèmes. J'ai beaucoup écrit toute seule, dans les hôtels, à la maison... Et tous les mois 1/2 on se donnait rendez-vous avec Matthis (Pascaud). C'était génial car cela me donnait un rythme.

-La pochette de "Oizel" est volontairement floue ?

Dans l'album, je me livre davantage que dans "Tissé". Alors, imposer ma tête en plus sur la pochette, ce n'était pas mon idée. Même si c'est un peu comme se tirer une balle dans le pied !

-Parlez-nous du duo avec Bertrand Belin ?

Je cherchais un timbre grave car "De beaux dimanches" est une chanson un peu désespérée. L'histoire d'un couple qui ne peut pas être ensemble mais qui est quand même le plus beau du bal ! J'ai apprécié cette rencontre avec Bertrand. Tout comme j'ai aimé chanter avec Laura Cahen. Avoir des invités permet d'ouvrir les portes à d'autres voix. Cela apporte un peu d'air...


-Album "Oizel" (Les Rivières Souterraines/L'Autre Distribution)

-En tournée: le 15 mars 2024 à Montargis (45), le 21 mars à Nantes (44), le 22 mars à Chateauroux (36), le 1er avril au Café de la Danse à Paris (75), le 10 mai au Festival "Jazz sous les Pommiers" de Coutances (50), le 17 mai à Annemasse (74), le 18 mai à Portes les Valence (26)...


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